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Sandrine Morgante

[EN / FR

Taking speech acts and writings as central subjects, I investigate the ability of language to communicate thoughts through or in spite of the interference of emotional life. How do we experiment the Taalbarrière in a divided Belgium? Having a good sleep is not about Mélatonine but escaping from the productivity’s injunction. In 1917, Turin, the Figlie dei Militari had the duty to create literature from the war propaganda. The ‘[Walen] bourgeois buiten‘ student revolts was the start of a political consciousness. ‘Religion is a matter of text interpretation’ they say in Discussione Aumentata. It’s maybe why I searched for multiple meanings in the dystopian encyclopedic DFW’s novel ‘Infinite Jest’. A love relation is Voluto, Sfiorato. Meanwhile I empathized with the Men with Problems. Don’t forget You are Gold.

 

 

[EN / FR

Prenant la parole et l’écriture pour sujet central, je questionne la capacité du langage à communiquer des pensées à travers ou malgré la vie émotionnelle. Quelle expérience fait-on de la Taalbarrière dans une Belgique divisée? Bien dormir n’est pas une question de Mélatonine mais d’échapper à l’impératif de productivité. En 1917, Turin, les Figlie dei Militari avait le devoir de faire littérature avec la propagande de guerre. Les révoltes étudiantes « [Walen] bourgeois buiten » ont marqué le début d’une conscience politique. « La religion est une question d’interprétation de texte » disent-ils dans Discussione Aumentata. C’est peut-être pourquoi j’ai cherché les diverses significations du roman encyclopédique et dystopique ‘Infinite Jest’ de DFW. Une relation amoureuse est Voluto, Sfiorato. En attendant, je compatis avec les Hommes à problèmes. N’oublie pas, “You are Gold“.

Name: You Gold

Year: 2023
Material: pencils, paint markers on paper
Size: 50 x 70 cm, 55 X 65 cm
Support : Flanders community

[EN]

On the one hand, the slap of a few slogans urging us to practice performance, prowess, the total mobilisation of individual and collective resources, this optimisation that can only lead us to success, comfort and wealth. Make it possible, Just do it, Think big, Get rich, do more, High Speed, The beginning of a New Adventure. The other is a series of interviews and conversations that the artist has conducted with men and women suffering from what is commonly known as burnout. Sandrine Morgante explores the field of burnout syndrome, a syndrome that combines profound fatigue, disinvestment in one's professional activity, and a feeling of failure and incompetence at work, the result of chronic professional stress: the individual, unable to cope with the adaptive demands of his or her professional environment, sees his or her energy, motivation and self-esteem decline.

In this new series of drawings, entitled You Gold, Sandrine Morgante literally draws burnout, using injunctions and confidences, slogans and stories of suffering. "The more dysfunctional it is, the more you're caught up in this kind of madness. I'd like to resign, I can't take it any more, I'm suffocating "
Performative graphics, bubbles, black holes, capitals, fonts that are sometimes dynamic and seductive, sometimes choppy and disordered, cries or murmurs, the composition of these poster-sized drawings conveys the shock of words, the loss of self, the systemic explosions and all those individual stories.

Jean-Michel Botquin

www.nadjavilenne.com/wordpress/?p=27661

[FR]

D’une part, la claque de quelques slogans nous enjoignant à pratiquer la performance, la prouesse, la mobilisation totale des ressources individuelles et collectives, cette optimisation qui ne peut que nous amener à la réussite, au succès, au confort et à la richesse. Make it possible, Just do it, Think big, Get rich, do more, High Speed, The beginning of a New Aventure. D’autre part, une série d’entretiens, de conversations, que l’artiste a menés avec des hommes et des femmes souffrant de ce que l’on appelle communément le burnout. Sandrine Morgante investit le champ du syndrome d’épuisement professionnel, désigné par cet anglicisme [ˈbɝnaʊt], un syndrome qui combine une fatigue profonde, un désinvestissement de l’activité professionnelle, un sentiment d’échec et d’incompétence dans le travail, résultat d’un stress professionnel chronique : l’individu, ne parvenant pas à faire face aux exigences adaptatives de son environnement professionnel, voit son énergie, sa motivation et son estime de soi décliner.

Dans cette nouvelle série de dessins, intitulée You Gold, Sandrine Morgante dessine littéralement le burnout, reprenant injonctions et confidences, slogans et récits de souffrances. Je suis tétanisée, j’arrive plus à bosser, toutes ces injonctions contradictoires qui vous tombent dessus, j’ai complètement péter les plomb, plus c’est dysfonctionnel et plus vous êtes embarquée dans cette espèce de folie, J’aimerais démissionner, j’en peux plus, j’étouffe, c’est moi qui n’ait pas réussi à gérer la pression… Graphiques performatifs, bulles, trous noirs, majuscules, polices tantôt dynamiques et séductives, tantôt hachées et désordonnées, cris ou murmures, la composition de ces dessins au format d’affiche traduit le choc des mots, la perte de soi, les déflagrations systémiques et toutes ces histoires individuelles.

Jean-Michel Botquin

www.nadjavilenne.com/wordpress/?p=27661

Taalbarrière, Bespreek het met je buur, Parlez-en à votre voisin.e
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Name: Taalbarrière

Year: 2020
Material: Felt-tip pens, ballpoint pens, permanent marker, pencil, white-out pen and Posca on photocopies on A4 paper
Size: Prints (reproduction of the drawings) 150 x 200 cm
Book: A4, 68 pages, 25 €

[EN]

Black and white copies from schoolbooks for courses of French and Dutch as a foreign language provide the background for colourful drawings and handwritten text. The text renders the testimonials of Belgian secondary school pupils from both sides of the Belgian language border. Sandrine interviewed pupils from the Flemish linguistic community in the context of their French class, and vice versa. These testimonials present different, sometimes contradictory points of view about Belgium and its two main linguistic communities. Even though we can see some curiosity and benevolence towards the cultural and linguistic other on each side, the testimonials are full of (pejorative) stereotypes and presuppositions, both with regard to the other as well as with regard to the own community.  Through these testimonials, the complex socio-cultural landscape of a divided Belgium comes to light, and we catch a glimpse of the political and economic discrepancies between different regions of the country.
In Taalbarrière cultural, psychological, socio-economic, and geographic determinations of the linguistic communities come to light, at the same time as errors, hesitations, fillers, accents, and loanwords make the Dutch and the French languages come to life. Both appear as charming and familiar, and the idea of a ‘correct’ Dutch or a ‘correct’ French, as well as of a purely Flemish and purely Walloon identity, is questioned. By ridiculing the schoolbook, and by putting together voices and accents from both parts of Belgium, Taalbarrière suggests that we should embrace the Belgian accents and hybridizations, such as the beautiful Brusseleir, rather than aspire to purity.
This is why the title ‘Taalbarrière’ was aptly chosen: it renders the ‘language barrier’, which divides people linguistically, and in Belgium also geographically, economically, and politically, but it is nothing else than an amalgam, a hybrid, a contraction of a Dutch (taal) and a French (barrière) word.

— Text by Julie Van Der Wielen

[FR]

Des copies en noir et blanc de manuels scolaires pour les cours de français et de néerlandais constituent l’arrière-plan sur lequel apparaissent des dessins colorés et des textes manuscrits. Les textes reprennent des témoignages d’élèves de l’enseignement secondaire belge provenant des deux côtés de la frontière linguistique, que Sandrine a interviewés dans le cadre de leur cours de français pour les élèves de la communauté flamande, et vice versa. Ces témoignages présentent des points de vue différents, parfois contradictoires, sur la Belgique et ses deux principales communautés linguistiques. Même s’il semble y avoir une certaine curiosité et même une bienveillance envers l’autre culture et communauté linguistique de part et d’autre, les témoignages sont pleins de stéréotypes (péjoratifs) et de présupposés, tant à l’égard de l’autre que de la propre communauté. Ces témoignages révèlent le paysage socioculturel complexe d’une Belgique divisée, et permettent d’entrevoir les disparités politiques et économiques entre les différentes régions du pays.
Dans Taalbarrière, les déterminations culturelles, psychologiques, socio-économiques et géographiques des communautés linguistiques sont mises en lumière, tandis que les erreurs, les hésitations, les mots béquilles, les accents et les barbarismes donnent vie au néerlandais et au français des élèves. Ces langues se montrent charmantes et familières, et l’idée d’un néerlandais ou d’un français « correct », ainsi que d’une identité purement flamande ou purement wallonne, est remise en question. En ridiculisant le manuel scolaire, et en rassemblant des voix et des accents de ces deux communautés belges, Taalbarrière suggère que nous devrions embrasser les accents et les hybridations belges, comme le magnifique « Brusseleir », plutôt que de prétendre à la pureté.
Et c’est pourquoi le titre de Taalbarrière est bien choisi : ce mot évoque une « barrière de la langue », qui sépare par une différence linguistique — ce qui, en Belgique, correspond à une division sur le plan géographique, économique et politique — mais il n’est rien d’autre qu’un amalgame, un mélange, une contraction d’un mot néerlandais (taal) et d’un mot français (barrière).

— Texte de Julie Van Der Wielen

Name: Mélatonine

Year: 2020
Material: Felt-tip pens, ballpoint pens, permanent marker, pencil, white-out pen and Posca on photocopies + Posters
Size: A4 (drawings) + 150 x 200 cm (posters)

[EN]

A dark humour underpins Sandrine Morgante’s tragicomic series Melatonine, exploring sleep and its absence. Suffering from insomnia, she writes and draws in a notebook in the middle of the night and transfers these musings e sometimes melancholic, sometimes frantic – onto photocopies of adverts for sleep-inducing medicine. There is a tension between the calming graphics and soothing language used to promote these drugs or homeopathic remedies and her own, hand-written commentaries. The latter evoke the Lettrist rebellion against normative language, and the punky aesthetic of fanzines or underground flyers. Despite its occasional note of desperation, the series offers a form of resistance to the dominance of conventional waking hours and the demands for efficiency and productivity that the daytime demands.
— Text by Zoë Gray

[FR]

La série tragicomique Mélatonine de Sandrine Morgante explore le sommeil et son absence. Souffrant d’insomnie, elle écrit et dessine dans un carnet de notes au milieu de la nuit et transfère ces rêveries éveillées – tantôt mélancoliques, tantôt frénétiques – sur des photocopies de publicités pour des somnifères. Une tension se crée entre le graphisme et le langage apaisants utilisés pour promouvoir ces médicaments ou remèdes homéopathiques et les commentaires de Morgante, écrits à la main, qui évoquent la rébellion lettriste contre le langage normatif, ainsi que l’esthétique aux accents punk des fanzines ou des prospectus underground. Malgré quelques touches de désespoir, la série offre une forme de résistance à la domination des heures d’éveil conventionnelles et aux exigences d’efficacité et de productivité qu’imposent les heures diurnes.
— Texte de Zoë Gray

 

Name: Figlie dei Militari

Year: 2019
Material: Carbon paper
Size: A4
Commissioned by: Archivio magazine #4 The Unreal issue, Turin

[EN]

"World, Sign, Relic"

The original material concerns school essays dating back to 1917, and filed at the Archivio di Stato in Turin as part of the Figlie dei militari (Daughters of soldiers) collection. These papers were written by a class of female students for a competition that awarded a prize for the best essay of the year, dedicated to subjects ranging from the sense of risking one’s life by going to war to the experience of approaching death itself, and how to deal with waiting for a person who might never return.
During wartime, a period that is both artificial and dramatic, the dominant political power has various persuasive roles, depending on its field of action. We only need to look at military parades, or the orderly rows of people in Piazza Venezia on 10 June 1940, to realise that visual acknowledgement of power during wartime is largely based on geometric perfection. In order to rationalise and justify its demands for deeds that verge on sheer madness, the organ of power always creates perfect visual scenarios that we long to be a part of. Words, on the other hand, have the complete opposite effect during wartime; they become hyperbolic, sacral and absolute. (...)
Morgante performs an operation of manual transcription and editing around these essays: she decides to create a textual Frankenstein, with different extracts taken from different essays to form a single composition, where the origin of the individual parts is no longer clear, given that the language has become homogenised. Of course, this creative process implies that the resulting essay is an obvious fake; indeed, the new articles are all transcribed on carbon paper. Moreover, the artist adopts a totally poetic approach to imitate the handwriting of the various students in each individual composition: the students in the original essays become one, while the artist, in her transcriptions, becomes all of them, in a symbiosis that addresses language as a variable organ, resulting from the cultural landscape. (...)

— Achille Filipponi

[FR]

"Monde, Signe, Relique"

Le matériel original concerne des dissertations scolaires datant de 1917 et classées à l'Archivio di Stato de Turin dans le cadre de la collection Figlie dei militari (Filles de soldats). Ces travaux, rédigés par une classe d’élèves dans le cadre d'un concours récompensant la meilleure dissertation de l'année, sont consacrés à des sujets allant du sentiment de risquer sa vie en partant à la guerre à l'expérience de l'approche de la mort elle-même, en passant par la manière de gérer l'attente d'une personne qui pourrait ne jamais revenir.
En temps de guerre, période à la fois artificielle et dramatique, le pouvoir politique dominant a des rôles de persuasion variés, en fonction de son champ d'action. Il suffit de regarder les défilés militaires ou les rangées ordonnées de personnes sur la Piazza Venezia le 10 juin 1940 pour se rendre compte que la reconnaissance visuelle du pouvoir en temps de guerre est largement basée sur la perfection géométrique. Afin de rationaliser et de justifier ses demandes d'actes qui frôlent la folie, l'organe du pouvoir crée toujours des scénarios visuels parfaits dont nous avons envie de faire partie. Les mots, par contre, ont l'effet inverse en temps de guerre, ils deviennent hyperboliques, sacrés et absolus. (...)
Morgante effectue une opération de transcription manuelle et de montage autour de ces essais : elle décide de créer un Frankenstein textuel, avec différents extraits pris dans différents essais pour former une seule composition, où l'origine des différentes parties n'est plus claire, étant donné que la langue s'est homogénéisée. Bien entendu, ce processus créatif implique que l'essai qui en résulte est un faux évident ; en effet, les nouveaux articles sont tous transcrits sur du papier carbone. De plus, l'artiste adopte une approche poétique pour imiter l'écriture des différentes élèves dans chaque composition individuelle : les élèves des essais originaux deviennent une seule, tandis que l'artiste, dans ses transcriptions, devient toutes les élèves, dans une symbiose qui aborde la langue comme un organe variable, résultant du paysage culturel. (...)

— Achille Filipponi

Audio 1 (première discussion)
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Name: Discussione Aumentata

Year: 2016-2018
Material: drawing with pencil, ink on tracing paper, multi tracks audio
Size: 3 m > 5 m x 90 cm
Structural support: Viafarini, Bel Ordinaire, iMAL, SB34
Collaborators: Alicia Jeannin, Guillaume Vienne

[EN]

A conversation between three people who met casually on a train between Rome and Naples during the summer 2016. A drawing made of writings is "increased" by sound recordings. All the length, we can hear definitions of words recorded with diverse people during a second train journey from Brussels to Naples during the summer 2018. The theme of the discussion concerns the differences between the catholic and Muslim culture.

[FR]

Une conversation entre trois personnes qui se sont rencontrées par hasard dans un train entre Rome et Naples pendant l'été 2016. Un dessin fait d'écrits est "augmenté" par des enregistrements sonores. Sur toute la longueur, on peut entendre des définitions de mots enregistrées avec diverses personnes lors d'un second voyage en train de Bruxelles à Naples pendant l'été 2018. Le thème de la discussion concerne les différences entre la culture catholique et musulmane.

 

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Name: Voluto, Sfiorato

Year: 2011-2014
Material: diary page found, paintings, drawings, videos
Size: various

[EN]

Voluto, sfiorato is a drawing, painting and video work inspired by a diary page left by a former lover. His writing is full of crossing-outs; those scribbles hold an emotional load and plastic qualities that it is captivating, as these scriptural knots showed the confusion due to the fact of being in love. In this painting, one of the scrawled words is isolated, enlarged and reproduced with a shiny black lacquer. It consists now in a personified shape filled with an other dramatic potential. The drawings in the notebook are an extension of a fascinated look which explores the non-readable shapes.

[FR]

Voluto, sfiorato est un ensemble de peintures, dessins et vidéos développé à partir d’une page de journal intime laissé par un ancien amant. L’écriture de celui-ci est alourdie d’incessantes ratures : ces nœuds scripturaux qui témoignent d’une confusion due à l’état amoureux, ont des qualités plastiques qui fascinent. Pour le travail de peinture, un mot gribouillé est isolé, puis agrandi et reproduit dans une laque noire brillante. C'est désormais une forme autonome avec un nouveau potentiel dramatique. Les dessins dans le carnet sont une extension de ce regard fasciné qui explore les gribouillis: des formes illisibles pourtant chargées d'une histoire particulière.

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Name: Hommes à problèmes

Year: 2016-2022
Material: video

[EN]

Who is speaking? This question rises by listening this video: a dialogue without a visual nor sound context. The identities of the characters are blurred once the same voice is playing the two voices. Or rather, the social role is then only lying in the “way they speak”. Flirtatious sometimes, from heart-to-heart mostly, the tone of the conversation is in all cases somehow out of the mainstream.

[FR]

Qui parle ? Cette question se pose en écoutant cette vidéo : un dialogue sans contexte visuel ni sonore. Les identités des personnages sont floues dès lors que la même voix joue les deux voix. Ou plutôt, le rôle social ne réside alors que dans la "façon de parler". Parfois dragueur, le plus souvent à cœur ouvert, le ton de la conversation est dans tous les cas quelque peu hors norme.

 

Name: [Walen] bourgeois buiten

Year: 2024
Material: silkscreen print on Munken paper
Size: 90 x 64 cm
Publication: A4, 256 p, soft cover, 200 ex.
Support: Fédération Wallonie-Bruxelles / Vlaanderen verbeelding werkt

[EN]

“Walen buiten” [“Walloons out”]: first a slogan, then a symbol embodying a moment in Belgium’s social and political history. That of the student movement in Leuven, from May 1966 to May 1968, which led, ultimately, to the division of Leuven University into two distinct linguistic entities: one, Dutch-speaking, which stayed on the original site; and the other, Francophone, which opened in 1972 in the town of Louvain-la-Neuve, which was specifically built for the purpose.

It was a movement driven by nationalist notions and organisations, but whose internal complexities and contradictions are masked by its reduction to the motto “Walen buiten” – as is the political and intellectual shift that the catchprase fuelled.

A generation was formed and came into consciousness under its wing, with one group undergoing a revolutionary radicalisation, starting with rather diffuse democratic, anti-authoritarian ideas and gradually developing a programme steeped in Marxism, third-worldism and solidarity with the workers’ movement. From this group were born the founders of AMADA-TPO (Alle Macht Aan De Arbeiders, or All Power to the Workers), which would become, in 1979, the PTB-PVDA.

Sandrine Morgante captures a moment of this metamorphosis, translating it via her transformation of the headline “Walen buiten”: no longer Walloons out, but “bourgeois buiten”: out with the bourgeois. The moment she strikes upon is one of new birth: after living through May ’66, a small group of “leftists” decided to get their hands on the highly respectable student weekly Ons Leven. A paper imbued with conservatism and nationalism. As for the group, they were anarchists – inspired by the Dutch Provos, nourished by a rapidly expanding counterculture, fascinated by the American civil rights movement, revolted by the Church’s grip over life and education and stifled by ecclesiastical and academic authoritarianism…

Between late September ’66 and early March ’67, the group seized control of Ons Leven, transforming its texts, images, form. They revolutionised it. The graphics came alive and curled, the texts shone with desire and defiance, the remit extended to take in the struggle of Black Americans, Indonesians. Joining the party, the word “revolution” and the date 1917.

And it was this that awakened Sandrine Morgante, solicited her own interest: how the printed medium might become the actor and, today, the witness of a transformed collective consciousness, of the diffusion of new ideas. Ideas, namely: forms, colours, verbs, language.

[...]

All the screen prints are arranged in a mural, evoking the aesthetics of a flypostered wall. All in all, the composition “murks”, makes savage, mars, maintains this energy of a consciousness in motion, of a flowering youth in waiting, staining the present order with its disproportionate desires, with the rigours to come.

This rustling, this waiting, this motion, is doubtless happening today on other formats than paper. But we feel it here, in the guarantee of a possible lineage, of a possible school. In the vivid sensation that consciousnesses are constantly being revived.

– Laurent Courtens (art critic), 2024

Translated by Clodagh Kinsella

[FR]

« Walen buiten » : le slogan a signé jusqu’à le désigner un moment de l’histoire sociale et politique belge. Celle du mouvement étudiant à Louvain, entre mai 1966 et mai 1968, qui conduira in fine à la scission de l’Université de Louvain en deux entités linguistiques distinctes : l’une, néerlandophone, demeurant dans l’implantation l’origine ; l’autre, francophone, ouverte en 1972 dans une ville créée pour la cause, Louvain-la-Neuve.

Mouvement porté par des conceptions et des organisations nationalistes, mais dont la réduction au mot d’ordre « Walen buiten » voile les complexités et contradictions internes, autant que les mutations politiques et intellectuelles dont il constitua le ferment.

Une génération s’est formée et conscientisée en son sein, en particulier un groupe qui y a vécu une radicalisation révolutionnaire, partant de conceptions démocratiques et anti-autoritaires assez diffuses pour élaborer progressivement un programme pétri de marxisme, de tiers-mondisme, de solidarité avec le mouvement ouvrier. De ce groupe naîtront les fondateurs d’AMADA – TPO (Alle Macht Aan de Arbeiders – Tout Pouvoir aux Ouvriers), qui deviendra, en 1979, le PTB / PVDA.

C’est un moment de cette mue que saisit Sandrine Morgante, la traduisant dans la transformation imprimée au titre : « Walen buiten », non plus. Bourgeois buiten désormais. Ce moment est celui de l’éclosion : après une première expérience en mai ’66, un petit groupe de « gauchistes » décide de mettre la main sur le très respectable hebdomadaire étudiant intitulé Ons Leven. Cette feuille est imprégnée de conservatisme et de nationalisme. Eux sont anars, inspirés par les Provos hollandais, nourris d’une contre-culture en pleine expansion, fascinés par le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, révulsés par l’emprise de l’Eglise sur la vie et l’enseignement, étouffés par l’autoritarisme ecclésiastique et académique…

Entre fin septembre ’66 et début mars ’67, ils s’emparent de Ons Leven, le transforment, dans les textes, les images, la forme. Le révolutionnent. Le graphisme s’anime et s’arrondit, les textes s’ensoleillent de désirs et d’insolences, l’horizon s’élargit aux luttes des Noirs Américains, des Indonésiens. S’invite le mot « révolution », la date de 1917.

Et c’est cela qui éveille Sandrine Morgante, sollicite ses préoccupations propres : comment le support imprimé se fait l’acteur et aujourd’hui le témoin d’une transformation collective des consciences aussi bien que d’une diffusion d’idées nouvelles. Idées, à savoir : formes, couleurs, verbe, langage.

[...]

L’ensemble des sérigraphies s’agence dans une composition murale, évoquant l’esthétique du mur d’affichage sauvage, du « placard ». Au total, ça « s’envague » , s’ensauvage, entache, énonce cette énergie d’une conscience en mouvement, d’une floraison d’un jeune âge en attente, entachant l’ordre présent de ses désirs débordants, des rigueurs à venir.

Ce bruissement, cette attente, ce mouvement, sans doute est-il aujourd’hui en cours sur d’autres supports que la feuille. Mais on le touche ici, dans l’assurance d’une filiation et d’une école possibles. Dans la sensation vive que toujours les consciences s’avivent…

Laurent Courtens (critique d’art)

 

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Name: Infinite Jest

Year: 2015-2017
Material: drawings on printed text with felt pens, pencils, blanco-corrector, drawings with coloured ink, digital installation projected on a drawing
Size: 130>150 X 90 cm, 65x75cm, 70x100cm
Support: FWB Digital Art Commission

[EN]

The series Where Was the Woman Who Said She'd Come ('WWWWWSSC') (2015-2017) is a dissection of David Foster Wallace's novel 'Infinite Jest'. Sandrine chose this book for its cult status and unusual narrative structure. Through her drawings she tries to underline the tension, boredom, addiction, and other malaises in the book. The series is the result of a manual and subjective analysis of the second chapter of Infinite Jest. This chapter opens with the sentence “Where was the woman who said she'd come?”, and describes how a man waits for a woman to give him marijuana. The man’s agitation and disappointment is expressed through short sentences and word repetition, as is the case with “he”, “woman”, “time”, “phone”, and “dope”. It are these words that Morgante uses as the basis of her analysis. They become marked, counted, connected, and blown up visually.
The drawings look like a web or an abstract tapestry, while the text disappears into the background. In Degrés de proximité, Sandrine layered a red dot over each “he”. In addition, she uses a code of six colours that indicate the relationship of the other words to the “he”. It gives the drawing an interesting organic texture, while at the same time leaving us with a non-functioning system that doesn’t do much other than creating new chains of words. In the case of Time and Phone, Google Images also gets a role: every “time” and “phone” are connected to a drawing of the first images that appeared in the search engine. Purely as text, these keywords have a neutral dimension. Without further description they potentially represent any clock or telephone. By adding an image to the word, the artist makes the word concrete again.
Morgante’s pictorial analysis of text also offers us the option to slow down our consumption of words. By searching for the images behind the written words, and by confronting you with the same chapter over and over again, she wants to make text more palatable. The structure and images lend her peace whenever she feels time is slipping away with too much information on offer.

— Yasmine Van 'tveld for Kluger Hans

Wardine Say Momma Beat + You Know What I’m Saying — These numerical animations calculate the appearance of the texts traced during the reading. The colored links react to the sound of the recording and also to the environmental sounds, captured by a microphone built-in the computer. The texts are taken from the novel Infinite Jest. These are two confidences where repetition accounts for a frightened, irritated speech. The first monologue talks about a girl, Wardine who is beaten by her mother. The other is the complaint of an alcoholic father who finds it difficult to obtain custody of his child. The words connected and later isolated, suggest the variations of their meaning in the text, at the same time, they suggest a concentration of meanings towards a single slogan / cry / call. The curves, animated by sound, evoke the mechanism of spoken language.

 

[FR]

"Where Was The Woman Who Said She Would Come" (WWWWSSWC) 2015-2017 Crayon, feutre et correcteur sur texte imprimé 130 >155 x 90 cm

La série Where Was the Woman Who Said She'd Come (Où était la femme qui avait dit qu'elle viendrait) est une dissection du roman 'Infinite Jest' de David Foster Wallace. Sandrine a choisi ce livre pour son statut culte et sa structure narrative inhabituelle. A travers ses dessins, elle tente de souligner la tension, l'ennui, l'addiction et autres malaises présents dans le livre. La série est le résultat d'une analyse manuelle et subjective du deuxième chapitre d'Infinite Jest. Ce chapitre s'ouvre sur la phrase "Où était la femme qui avait dit qu'elle viendrait ?", et décrit comment un homme attend qu'une femme lui donne de la marijuana. L'agitation et la déception de l'homme sont exprimées par des phrases courtes et des répétitions de mots, comme c'est le cas avec "il", "femme", "temps", "téléphone" et "dope". Ce sont ces mots que Morgante utilise comme base de son analyse. Ils sont marqués, comptés, reliés et agrandis visuellement.
Les dessins ressemblent à une toile ou à une tapisserie abstraite, tandis que le texte disparaît en arrière-plan. Dans Degrés de proximité, Sandrine a superposé un point rouge sur chaque "il". En outre, elle utilise un code de six couleurs qui indiquent la relation des autres mots avec le "il". Cela donne au dessin une texture organique intéressante, tout en nous laissant avec un système non fonctionnel qui ne fait pas grand-chose d'autre que de créer de nouvelles chaînes de mots. Dans le cas de Time and Phone, Google Images joue également un rôle : chaque "time" et "phone" est relié à un dessin des premières images apparues dans le moteur de recherche. En tant que texte pur, ces mots-clés ont une dimension neutre. Sans autre description, ils représentent potentiellement n'importe quelle horloge ou téléphone. En ajoutant une image au mot, l'artiste rend le mot à nouveau concret.
L'analyse picturale du texte par Morgante nous offre également la possibilité de ralentir notre consommation de mots. En cherchant les images qui se cachent derrière les mots écrits, en vous confrontant sans cesse au même chapitre, elle veut rendre le texte plus acceptable. La structure et les images lui apportent une certaine sérénité lorsqu'elle a l'impression que le temps lui échappe en raison de l'abondance des informations proposées.

— Yasmine Van 'tveld pour Kluger Hans

Wardine Say Momma Beat + You Know What I’m Saying — Ces animations numériques calculent en continu l’apparition du texte calqué sur la lecture. Les liens colorés réagissent au son de l’enregistrement et aussi de l’environnement où il se trouve grâce à un micro intégré à l’ordinateur. Les textes sont extraits du roman Infinite Jest. Il s’agit de deux confidences où la répétition est l’expression d’une parole apeurée ou énervée. L'une des confidences est le monologue d'une fillette qui raconte que Wardine est battue par sa maman. L’autre, est la plainte d’un père alcoolique qui peine à obtenir la garde de son enfant. L’émotion n’est pas jouée, elle est induite de force par le texte. Les mots reliés et puis isolés, suggèrent des variantes d'ordre des mots du texte, de même qu’ils proposent une réduction vers un seul slogan/cri/appel. Les courbes animées par le son, évoquent l’organe de la parole.